Chapitre 1 : Singapour

 

Jour 1 - Arrivée à Singapour

 

3-2-1 Bonne année... « pop » des bouchons, « clinc » des verres, on boit, on rit, on fait des vœux... 43 ans que ça se passe comme ça ou presque. Cette année, pas de décompte, pas de champagne, pas de tenue à paillettes ou de coiffure déjantée, pas de fête avec la famille ou les amis, pas de vœux ... Non, cette année, à minuit, j’étais avec mon amie Delphine dans un avion. Vous allez me dire l’un n’empêche pas l’autre ? C’est vrai. D'ailleurs, la carlingue de l’avion était décorée de branches de sapin et de houx entourées par un gros nœud rouge et nous avions même une bouteille de champagne achetée au Duty-free dans notre sac: nous étions donc plutôt motivées pour fêter ce nouvel an dignement au dessus de l’océan ou de la Russie... mais pas l’équipage de Singapour airline! 
Volets fermés , lumières éteintes, dîner servi à midi, sans une goutte de champagne, même pour l’occasion, .... Quand minuit a sonné à Paris, nous en étions à notre 3ème film et la motivation de déboucher le champagne avait décru avec la montée du mal de genou et de dos qui apparait toujours dans les longs courriers quand on mesure plus d’1m10!
Donc à minuit, j’avais comme compagnie Del recroquevillée dans le fauteuil 48A, et comme tenue de soirée un pantalon moche mais confortable, un gilet difforme mais qui s’adapte au température changeante d’un vol, des boules Quies dans les oreilles, un masque de nuit sur la tête , une couverture marron pour me tenir chaud…  et mon seul vœu était de dormir quelques heures. 
 

Ce vœu fut moyennement exaucé... donc une fois les sacs déposés à l’hôtel G à 7h30 le matin, il a fallu trouver de quoi occuper cette première longue journée. Nous avons commencé par la découverte du quartier voisin. Le temple Kuan Im Thong Hood Cho fête le nouvel an. Des offrandes colorées sont proposées :Fleurs de lotus, encens, guirlandes de fleurs. Autour du temple, des affiches présentant l’horoscope chinois couvrent les murs. Ils me prédisent une année de merde: problèmes d’argent, conflits au travail, pas d’amour en vue et problèmes de santé entre la 9ème et 10ème    lune... Et ce mauvais karma commence tout de suite : En route pour le zoo, ma tong me lâche ; clopin-clopan, un élastique pour tenir la tong au pied, on change notre objectif de la journée et on part à la recherche de la boutique Havaianas de Singapour, dénichée en un temps record grâce à la gentillesse des habitants!

Cette aventure nous a creusées! Chaussée de ma nouvelle paire de tong rutilante, on va au Food court d’à côté et on s’offre un Michelin !!! Ah Heng, référencé dans le guide rouge, nous propose un bol de soupe de noodle au curry et lait de coco agrémenté de poulet, poisson, pomme de terre et pain de tofu! Un régal épicé à 5$S!! 

Rechargées par ce repas macaroné et une bonne douche on part vers Little India. On s’y croirait : petites boutiques d’épices avec sacs en toile de jute garnis de piments et de graines, étales de fleurs de jasmin blancs, d’œillets rouges, coupées ou en guirlandes, vendeurs d’or et de saris, trottoirs surpeuplés d’indiens peu souriants. Les façades sont colorées surtout Tan house, arc-en-ciel architectural dont chaque lamelle de volet et chaque pilier de terrasse portent une couleur différente.

On enchaine ensuite la visite de plusieurs temples de ce quartier ethnique, histoire de redorer mon Karma : Temple Sri Veeramakaliamman, dédié à Kali, puis temple Sri Srinivasan perumal et sri vadapathira kaliamman, dédiés à Vishnu. 

Les temples sont tous surplombés d'une tour où s’amassent des sculptures colorées. Une fois nos chaussures ôtées, nous rentrons et admirons les divinités, placées aux murs ou dans des alcôves qui reçoivent les offrandes : Colliers de fleurs, miel, lait, encens,… en sortant, les hindous sonnent une des innombrables cloches situées sur la porte d’entrée, sans doute pour annoncer aux divinités qu’ils ont payé leur dû ! 

 

Un petit tour par Arab street nous permet d’admirer la classique mosquée du Sultan et la plus surprenante Mosquée Malabar, toute bleue. 

Quand il y en a marre, y’a Malabar…  et y’a des bars. Il est temps de rentrer pour retrouver les parents de Delphine et enfin trinquer à cette année 2019 autour d’un barbecue à la mode singapourienne. 


Jour 2- Garden by the Bay

 

L’objectif du jour est la visite de The Garden by the Bay, un jardin construit sur des terres récupérées sur la mer. Nous décidons de nous y rendre à pied pour nous imprégner de la ville et de son atmosphère. Buildings très modernes ou demeures coloniales, y’en a pour tous les goûts. Les plus beaux monuments, anciens ou modernes, sont des hôtels 5 étoiles... Et il y en a beaucoup ! De grandes avenues quadrillent la ville. Pour les traverser, il faut de la patience au feu rouge, beaucoup de patience.... ou les passages souterrains. Mais attention, je ne vous parle pas des passages en béton brut ou sale, lumière blafarde, qui puent le pipi et dans lesquelles on se demande si on atteindra l’autre côté sans se faire trucider... non, non, non ! Je vous parle de souterrains grandioses, climatisés, en marbre rose du sol au plafond, lumière tamisée, petite musique d’ambiance, odeur agréable et surtout propres ! Tellement propres qu’on s’y installerait pour faire une sieste. Mais l’appel du large et surtout la proximité de notre objectif nous font remonter à la surface! Devant nous, apparaissent la baie de Singapour et son CBD, Central Business District, le Wall street singapourien. 

Le soleil tape fort sur les quais et sur le pont. C’est donc avec joie que nous arrivons au jardin, espérant trouver un peu de fraîcheur sous la végétation... Que nenni ! Ici les arbres mesurent entre 20 et 50 m de hauteur et sont faits de fer et de béton! Dis comme ça, ça ne fait pas rêver mais les Supertrees, recouverts de vraies plantes façons murs végétaux, sont incroyables vu d’en bas, comme vu d’en haut!! et oui, une passerelle relie le sommet de 3 Superarbres, permettant d’observer l’horizon et la canopée d’où s’échappent deux dômes de verres, des serres, nos prochaines étapes

Le Flower Dôme présente des plantes méditerranéennes et semi-arides. Des sculptures en bois d’animaux et quelques scènes de « Alice aux pays des merveilles » sont dispersées au milieu des cactus, oliviers et autres baobabs... plutôt fun! 

Mais le clou du spectacle reste la seconde serre, la Cloud Forrest, qui reproduit le climat tropical en altitude. Là, vous devriez me dire « qui dit tropicale et altitude dit montagne et eau ? » et vous auriez raison ! Quand on pénètre dans la serre, un vrombissement d’eau nous accueille ; c’est une cascade de 20 mètres jaillissant du haut d’une montagne ; incroyable... et bien pensé : un ascenseur (on n’est plus si jeunes !) nous conduit à son sommet et nous redescendons par un sentier serpentant autour et à l’intérieur de la colline afin d’observer des milliers d’orchidées accrochées aux parois. Des variétés jamais vues, des couleurs et des formes incroyables… premier « Somptueux » du voyage ! 

Un déjeuner laqué et une sieste plus tard, on retourne vers la baie pour admirer son hôtel phare, le Marina Bay Sands: 3 tours de 55 étages et un paquebot en guise de toit ; très design ? En tout cas surprenant, immanquable et assez inoubliable. 
On s’installe au pied du Merlion, mi lion, mi poisson, emblème de la ville et on se boit une petite Tiger Beer en croquant quelques chips en attendant le son et lumière proposé. Le show en lui-même n’est pas fameux mais les lumières de la cité font le boulot! Singapour by night, ca claque!

Jour  3 - Chinatown

 

Portails à l’entrée des rues, signes chinois sur les enseignes et portiques, lampions rouges partout... Pas de doute, nous sommes arrivés à Chinatown! Les fumeries d’opium , les marchands de thé ou les tripots ont fait place aux boutiques de souvenirs et aux restos de canards laqués mais sinon on y est!

Une pluie tropicale nous incite à nous réfugier dans le temple le plus proche : Sri Mariamman, le plus vieux de Singapour. De l’intérieur, nous observons les buildings de la CBD entre deux vaches sacrées et une pagode décorée de divinités hindoues ; premier contraste du jour!

Remettre ses chaussures quand il pleut n’est pas une mince affaire ! Vous allez me dire « pourquoi les avoir enlevées ? » Car il y a deux endroits où l’on doit laisser ses chaussures sur les trottoirs: devant un temple ou devant un centre de réflexologie plantaire… Deuxième contraste du jour!

Nous faisons un petit arrêt shopping dans une boutique spécialisée en baguettes, éventails et peignes, puis nous repartons arpenter les trottoirs pour admirer un troisième contraste: les anciennes maisons chinoises dominées par un HLM des temps modernes, avec passerelles suspendues.

Pour déjeuner, nous nous régalons de Gioza dans un Hawker center. Ce sont des marchés en plein air regroupant des dizaines d’échoppes proposant nourriture ou boissons à prix très abordables.

Là aussi contraste saisissant entre les jeunes actifs et touristes installés pour manger leurs déjeuners et les personnes âgées, pour certaines handicapées, qui nettoient les tables... inimaginable pour les petits français que nous sommes mais l’opportunité d’emplois que ces centres offrent à ceux qui n’ont pas de qualification fait qu’ils pourraient bientôt faire leur entrée dans le patrimoine immatériel de l’humanité de l’UNESCO. 

 

Nous finissons la visite du quartier par le « Temple de la Relique de la Dent de Buddha ». Le temple est superbe, limite clinquant ; des milliers de petits bouddhas bien alignés ornent les murs de chaque salle. Un musée présente des sculptures de buddhas et également une collection de reliques: des petites gouttes contenues dans des fioles sont censées contenir des reliques de cerveau, de sang, d’intestin,... Et le clou du spectacle c’est la relique de la dent. Alors la dite dent ressemble à une molaire d'éléphant... vous me voyez venir avec mon contraste ?! Non mais sous couvert de reliques, ils nous feraient gober n’importe quoi!!

La journée se termine par un « must do »: Siroter un Singapore Sling au bar du mythique palace The Raffles... Le lieu est extra chic : palmes au plafond pour rafraîchir l’atmosphère, fauteuils en rotin confortables, mobilier colonial super classe et... écorces de cacahuètes qui jonchent le sol... le dernier contraste de la journée, mais celui-ci est obligatoire : c’est la tradition qui l’exige ! Alors sirotons, les pieds dans les cosses ! 


Jour 4 - Singapour ridges

Ce matin, on remplit nos poches d’œufs durs, de pommes et de muffins au buffet du petit déjeuner de l’hôtel, on chausse nos chaussures de marche et autres tongs de rando, on met nos casquettes, bobs et bandeaux et c’est parti pour 9km sur les hauteurs de Singapour. Un trail a été mis en place entre terre et ciel pour admirer la nature et les buildings de Singapour.

Pont en vagues, passerelle métallique au dessus de la canopée, chemin dans les marais ; cette randonnée est très sympa, plutôt calme, loin de la vie trépidante du centre ville... Mais tout de même accessible en métro!!
En chemin on ne croisera que quelques joggers, des gilets jaunes - ah je m’excuse, fake news ; on m’informe à l’oreillette que ce sont en fait des écoliers en visite - des varans gigantesques qui se baignent, des cigales très inspirées par David Guetta, des arbres distributeurs d’olives vertes, des gros oiseaux jaunes, un petit Martin pêcheur bleu trop timide pour être photographié, une colombe tachetée, mon chat Oguste - ah, fake news again, on me dit à l’oreillette que c’est un écureuil ; la ressemblance est pourtant frappante!- des super tankers chargés de containers, des testeurs de bancs en pleine sieste, des balayeurs suivis par leur balai et des contrôleurs de longues vues... dépaysant !

Le soir rendez-vous sur le toit du monde : on va boire un verre sur le paquebot du Marina Bay Sand hôtel. Grâce à nos hôtes qui ont une chambre dans l’hôtel, nous pouvons faire le tour de la terrasse...360 degrés de vues époustouflantes sur la ville, la baie, la mer, le garden by the Bay illuminé. Deuxième « Somptueux » facilement attribué ce soir! Autre point d’orgue de la visite du paquebot: la piscine à débordement... Si on repasse par Singapour, on prend une chambre ici, juste pour gouter à cette baignade vertigineuse!


Jour 5 - Jardin botanique 

 

Nous profitons de notre dernière matinée à Singapour pour visiter le superbe jardin botanique : jardin des senteurs, des feuillages, des sens mais surtout jardin aux orchidées. Comme dans la serre du « Garden by the bay », il y en a des milliers, en bouquet, sur des troncs, sur des fontaines ou sur des arches ; c’est un feu d’artifice de fleurs: oh la belle blanche, oh la belle rouge, oh une tachetée, oh la petite violette, oh un marsupilami, oh des cornes d’antilope... Le climat est un peu trop chaud et humide pour nous, mais a priori il est parfait pour ces merveilles végétales. Mais attention pas le droit de toucher ou de cueillir sous peine d’amende et d’expulsion

Car Singapour est la ville du « pas le droit » : Pas le droit de fumer à moins de 5 mètres de quelqu’un, pas le droit de jeter des détritus par terre, pas le droit de cracher, pas le droit de traverser en dehors des passages-piétons, pas le droit de mâcher du chewing gum, pas le droit de se toucher, etc... Les amendes sont chères et vont jusqu’à des peines de prison. Ici on ne rigole pas avec l’interdit et on n’hésite pas à dénoncer... WhatsApp, tel, email : des messages à caractère informatif vous incitent à prendre une photo du harceleur ou du fautif et à l’envoyer à la police... du coup, les Singapouriens, contrairement aux français, respectent cette liste d’interdits et toute la ville est belle et propre... même les transports en commun! 

Ici, stations et rames de métro sont niquel chrome, ça sent bon et c’est climatisé. Ici, on attend, en ligne, sur le côté avant de monter pour laisser la place à ceux qui sortent de la rame... ici on laisse les places réservées aux personnes à mobilité réduite libres. Ici il n’y a pas de détritus par terre, pas de graffitis aux murs, pas de mendiants dans les couloirs... ici des films passent sur de petits écrans pour expliquer comment se comporter civilement mais également les gestes de premiers secours. Le métro est un monde féerique où il est interdit de boire, de manger, de fumer, d’utiliser des items inflammables et... de transporter des durians!!

Pour les non initiés, le durian est la première arme chimique asiatique Vegan!!

C’est un gros fruit oval à picots plutôt esthétique. D’ailleurs son design est repris dans la mode ou l’architecture comme les deux domes de l’opéra de Singapour ... mais il a un défaut majeur : il pue! Relents de cadavres, d’égouts, de putois ou de pourriture... à vous de voir... Mais vous êtes priés de tenter l’expérience chez vous car ce fruit roi est banni des lieux publics !

Il est temps de laisser la ville jardin. Le Lapérouse nous attend. Patch derrière l’oreille, on embarque sans encombre dans le beau bateau.

 
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