Et 1, et 2, et 3, 4-2


Je commence par une couche de fond blanc ; j’attends 15 minutes avant de poser de fines bandes de scotch puis j’attaque le bleu puis le rouge... Trente minutes plus tard me voilà avec les orteils les plus français possible ! J’enfile ensuite mon short bleu, mon t-shirt blanc et le turban rouge dans les cheveux, touche finale d’une tenue obligatoire pour l’occasion.

La marche jusqu’au métro me fait réaliser à quel point le phénomène est général : une marée de zombies tricolores s’est déversée dans les rues parisiennes. Tout est bleu, blanc et/ou rouge. A commencer par les habits. Les nouveaux maillots, les anciens, on ressort même les vintage 1998 ! Viennent ensuite les perruques frisées, les coqs poilus, les chapeaux de cow-boy, les bonnets phrygiens, les écharpes en bandeau ou les drapeaux en turban... Et puis le maquillage ; sur les joues le plus souvent, mais aussi du milieu du front jusqu’au menton en passant par l’arrête nasale, les paupières, les mollets... tout y passe ! 

Amateurs de foot ou pas, nous sommes prêts à tout pour porter haut les couleurs de la France ! Moi la première ! 

Tout le monde est dans la rue, au café, au balcon... les boutiques et restos ont tous fait un geste, même minime, pour supporter nos héros : petit drapeau en vitrine, grand drapeau en nappe ou en cape, maquillage léger ou écran géant... Ca change l’ambiance des rues de la capitale d’habitude bien grise !! 

Les supporters révisent leurs chants et préparent leurs gosiers : Les bières et le rosé ne vont pas arrêter de couler en cette chaude journée de juillet. 

Et puis le match débute : une équipe de 11 hommes sur le terrain mais 67 millions de français suent avec eux... partout des chorales de oohhhh, ouhhh, aie, yeahhhhhhh... les “mais y’a main là”, «tu fais quoi l’arbitre ; carton jaune ! »

Les cris, les sauts, les chants, les danses de joie à chaque but de notre équipe. 

Les mains dans les cheveux, sur les hanches, sur les yeux quand l’adversaire marque... la tension est palpable puis doucement, les minutes passent et on le sait : elle est pour nous... 

Arrive enfin le décompte des 10 secondes avant le coup de sifflet final, la victoire, les accolades, les embrassades, à nouveau les chants, les danses et même les larmes de joie !!! Mais surtout ce refrain qui va durer toute la nuit : « On est les champions, on est les champions, on est, on est, on est les champions. »

Le retour est bien plus mouvementé que l’aller : les rues sont pleines de supporters, ivres de joie et d’alcool parfois ! Tout le monde est souriant, partageant. Ce soir, le parisien aigri et fermé a déserté la capitale ! Tout le monde est uni, frère ou sœur de cette équipe qui nous a fait vibrer. Y’a des voitures dans tous les sens, pleines de gens heureux... beaucoup de voitures et beaucoup de gens... 7,8,9,10 dans une mini, debout, enchâssés dans le toit ouvrant... certains supporters se transforment en toreros ou en escaladeurs : ils jouent de leur drapeau avec les voitures, ou escaladent les lampadaires, poubelles, et autres arrêts de bus... ils veulent être en haut de l’affiche, comme nos footballeurs ! 

 

 

Une dernière marseillaise dans le métro chanté par tout le wagon, de 7 à 77 ans, un petit “ qui ne saute pas n’est pas français” et me voilà de retour dans le calme de mon appartement, crevée par ces 90 minutes de match.... Nous étions bien 67 millions à jouer!

 

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