Point de vue


- « C’est un rôle magnifique, magnifique vraiment. »

Ça fait maintenant cinq minutes que Jackie, mon agent, me vante les mérites de ce rôle. C’est à se demander qui elle essaye de convaincre, elle ou moi ?

- « J’te l’accorde, magnifique ; mais tu n’oublies pas un détail important ?

- Lequel ?                                          

- Je ne suis pas aveugle !

- Et est-ce que Jean Marais était Bossu ? Est-ce que Fanny Ardant est transsexuelle ou Jean Dujardin surfeur ? Non ! Donc tu n’as pas besoin d’être aveugle pour jouer un aveugle, mon chou. Tu es acteur oui ou merde ?  Il faut juste que tu bosses le rôle.

- Tu me flattes ! Remarque ? tu as raison, Dujardin a commencé comme moi, dans une série hebdomadaire. Dis-moi, petit détail technique : Je vais porter des lunettes de soleil tout le film ? 

- Tu vas jouer Louis Braille en 1830 ; pas Gilbert Montagnier dans les années 80 ; donc pas de lunettes noires. Pour le casting, il faut que tu bosses le regard fixe, inexpressif ; et, si tu n’y arrives pas, tu joueras les yeux fermés, mais c’est moins flatteur.

- Ca serait dommage, mes yeux, c’est ce que j’ai de plus beau.

- Il serait peut-être temps que le public t’aime pour autre chose que tes beaux yeux ; tu ne crois pas mon chou ?

- T’as raison Jackie, je vais leur prouver à tous que je peux le faire ! C’est quand exactement le casting ?

- Dans une semaine ; Commence par bosser le regard inexpressif ; inexpressif comme, comme une pomme par exemple. Tu dois vraiment donner l’impression que tu ne vois pas les gens en face de toi… Ça, tu devrais y arriver facilement. Pour la démarche par contre, il faut que tu t’entraines.  

- Compte sur moi Jackie. Je m’y mets tout de suite. »

Je raccroche et me mets immédiatement au boulot. Ce rôle est pour moi ! Dujardin est connu dans le monde entier comme l’acteur muet de « The Artist » ; je serais bientôt la star aveugle de The … The Braille ! C’est un bon titre ça, faudra que je le suggère à l’équipe du film.

Naomie, ma copine du moment, une fille sublime rencontrée pendant les cours d'impro, s’approche et m’interroge sur la proposition de Jackie.  Alors qu’elle parle, je décide de porter mon attention dans la direction du son de sa voix. Que s’est compliqué de rester inexpressif, les yeux fixés ! Regarder sa bouche, uniquement sa bouche, sans rien exprimer, sans rien regarder d’autre, ni plus haut, ni plus bas surtout. Quelle paire de seins ! Trop tard ; il n’a fallu qu’une seconde d’inattention pour que mon regard s’égare. Je me reconcentre, retour sur sa bouche. Quand je lui réponds, je tente d’être aussi inexpressif qu’une pomme comme l’a conseillé Jackie ; je reste concentré sur ses lèvres. Je dois être plutôt bon dans mon rôle de pomme car Naomie finit par être agacée ;

- Qu’est-ce que t’as ? Pourquoi tu me fixes comme ça ? j’ai quelque chose entre les dents ?

- Mais non, je réfléchis.

- Et alors, ça t’empêche de me parler ? Tu m’saoules ce matin, j’ai l’impression d’être transparente!

Elle est plus fine que je ne pensais ! Depuis que j’ai commencé l’exercice, elle a raison, je ne la vois plus vraiment. Mais qu’est-ce que je l’entends ! je l’entends beaucoup ; je l’entends trop en fait. Sa fadeur, son coté lisse me saute aux yeux.

- Naomie ma pomme, euh ma puce, ça n’a rien à voir avec toi mais faut vraiment que je bosse là!

- C'est ça ouai, ben vas-y, bosse ton aveugle, moi je rentre.

Elle se lève et prend son sac posé sur la table. Les ondulations de son corps magnifiées par cette petite robe fleurie me font immédiatement recouvrer la vue. Je me lève et la rattrape sur le seuil. Je l’embrasse à pleine bouche en lui promettant de la rappeler demain. Il faudrait être aveugle pour laisser partir une bombe pareille ! 

La porte refermée j’observe mon salon. Ça fait 5 ans que je vis dans cet appartement de 30m². Ça ne devrait pas être difficile de m’y déplacer, même non voyant. Je ferme les yeux et avance d’un pas. J’ai aussitôt l’impression de perdre l’équilibre. Je tends le bras pour me raccrocher à la bibliothèque de l’entrée. Pas là ! Je fais trois petits pas d’enfants avant que mes doigts rencontrent enfin une étagère et s’y accrochent. Je continue prudemment car la table basse ne doit pas être loin. Aie, mon tibia l’a trouvée ! Je suis bon pour un bleu demain ; Je me sers de la table comme rampe de direction et continue. Plus loin à droite, la cuisine. Je vais me faire un café. Un pas, deux pas, trois... Il est où ce mur ? Faut que je fasse gaffe car j’ai un cactus par ici et après le tibia, je ne voudrais pas m’abimer les mains. J’entrouvre un œil ; j’ai évité le cactus de peu. Je pose ma main gauche sur le mur, me positionne en direction de la cuisine et referme vite ma paupière ; j’avance un peu : la fenêtre, le rideau, le chambranle de la porte, le compteur électrique. Là, quart de tour à droite pour faire face à la cafetière. J’avance le bras. Ma main rentre en contact avec l’inattendu : une matière froide, molle et humide. Surpris, je recule brusquement et me tape la tête dans le compteur électrique. Bordel ! J’ouvre les yeux ; le sachet de thé de Naomie gît sur le plan de travail. Quelle conne ! j’ai bien fait de lui dire de partir. Je me saisis de l’intrus, le balance à la poubelle en me frottant le crâne. C’est beaucoup plus dur que je ne le pensais. Sans vision, tout devient étranger, dangereux. Je ferme à nouveau les yeux, en ayant pris soin au préalable, de bien visualiser où se trouvent les capsules, la tasse et la Nespresso.  De la main gauche je tends la main vers l’égouttoir, me saisis d’un mug et la place sur le porte-tasse de la cafetière. Dans la boite en métal je prends une capsule. Après plusieurs secondes à tâtonner, je trouve son emplacement, referme la cafetière et appuie sur le bouton. Le moteur se met en route, la bonne odeur de café m’arrive aussitôt aux narines. Le moteur s’arrête. Je me saisis de la tasse et la lâche immédiatement, brulé par le liquide chaud qui se trouve sur la surface extérieure de la tasse plutôt qu’à l’intérieur. La tasse se renverse en tombant et j’ai du café plein le plan de travail. Quelle merde ! Je nettoie, yeux grands ouverts puis me dirige vers le téléphone. J’appelle Jackie, excédé.

-  Jackie, c’est beaucoup plus dur que je ne pensais.

- Si tu penses, c’est déjà un bon début mon chou !

- Arrête de te foutre de moi. Le regard fixe, la pomme, je gère mais pour les déplacements, j’ai déjà perdu un tibia, mon crane et une main… à ce rythme-là, je serai handicapé avant le casting. Tu n’as pas un conseil ?

- L’entrainement mon chou. On ne devient pas aveugle en un jour ! Et puis regarde peut-être « Parfum de femme », ça devrait t’inspirer. Je l’ai à maison, si tu veux. T’as qu’à passer.

- J’arrive !

Je raccroche, prends mon manteau et me dirige vers la porte. J’ai encore oublié d’être non voyant. Il faudra que je voie avec Jackie s’il n’existe pas des lentilles opaques pour m’obliger à être aveugle. Comment vais-je m’en sortir dans la rue sans guide ? Le long parapluie noir anglais me fait de l’œil ; il fera office de canne blanche. Sur le seuil je ferme à nouveau les yeux, prends les clés et tente de trouver la serrure pour fermer à double tour. Il me faut plus d’une minute pour trouver la serrure et insérer la clé dans le bon sens. Que de temps et d’efforts pour effectuer la moindre tache, même familière.  Je me retourne, pose la main contre le mur et avance vers l’ascenseur. Je trouve le bouton pour l’appeler du premier coup ; Trop fier ! Je ne vois pas les portes s’ouvrir mais j’entends une voix qui dit « étage 3 ». Ce nasillement qui m’insupporte depuis mon emménagement dans l’immeuble m’apparait est une vraie bénédiction. J’entre et pose ma main sur la paroi de gauche pour localiser les boutons des étages. Sous mes doigts, je sens le contour des 6 boutons ainsi que des petits grains à l’intérieur de chaque cercle. C’est du braille. Quelle invention géniale ! Le mec que je vais peut-être interpréter est un héros ! Je découvre au même instant tout l’intérêt du braille et toute mon incompétence à le décrypter. Où est le bouton 0 ? Je sais qu’il est à côté de celui de la sonnerie d’urgence mais en bas à gauche ou en bas à droite ? Combien de fois ai-je appuyé sur ce satané bouton depuis 5 ans ? Des milliers ! Ça fait des années que je vois sans voir, et je ne parle pas que du bouton 0… Tout à mes réflexions philosophiques, je triche à nouveau et ouvre un œil ; le 0 est à gauche. L’ascenseur se met en mouvement. Après quelques secondes de descente, la voix la plus sexy du jour m’annonce « Rez de chaussée ». Un, deux, trois, quatre ; parapluie en avant, je m’avance dans le hall en comptant mes pas. Ma canne noire bute contre la porte de l’immeuble. J’essuie de la main le mur froid en marbre pour localiser le bouton d’ouverture. Mon geste est trop brusque et je m’accroche le petit doigt dans le cache bouton métallique. Et allez, une blessure de plus ! J’appuie sur le buzzer, je tire la porte et m’avance. Il y a une marche ; je le sais, donc je laisse tomber mon pied dans le vide à la recherche d’un appui ; j’ai la sensation de tomber dans un précipice sans fond. Quand mon pied rencontre enfin le trottoir, je laisse échapper un soupir de soulagement : j’ai franchi le premier obstacle.

J’habite dans une rue tranquille, à deux pas du métro. Le trajet jusqu’à la station je l’ai parcouru des milliers de fois ; je pourrais le faire les yeux fermés ! c’est ce que nous allons voir ; je me lance. De la main gauche je tiens le parapluie ; je mets la main droite contre le mur de l’immeuble et commence à avancer. Je suis saisi par le froid du mur et son aspect granuleux. Surpris également de sentir le vent sur mon visage. Un, deux, trois pas, au quatrième j’ai l’impression de flancher, mon pied ne trouve pas le sol au moment attendu, le mur se dérobe sous mes mains. Il n’y a pourtant pas de route j’en suis sûr ! quand je fais bouger le parapluie devant moi, je sens des sortes de rainures au sol. J’avance la main un peu plus loin dans le vide et je finis par rencontrer un barreau froid, puis un deuxième. Le bruit d’un moteur de voiture au niveau de mon oreille droite finit par me renseigner : je suis sur le passage bateau du parking de l’immeuble ! J’ouvre les yeux et bondis en avant hors du danger ! mon voisin du 5ème est au volant. Il ouvre la fenêtre côté passager et m’interpelle :

- « Ben, Dr Louis, qu’est-ce que vous faites là, planté au milieu de la sortie ? vous êtes perdu ? vous voulez que je vous dépose quelque part ?

- Merci Monsieur… non, non ça va aller, j’étais juste inattentif.

- Comme vous voudrez. »

Depuis que j’ai commencé l’entrainement ce matin, mon ouïe a dû s’affiner car je l’entends constater tout haut alors qu’il a déjà refermé sa fenêtre : « Ah ces acteurs, toujours perchés ; un parapluie par cette chaleur, n’importe quoi »

 

Je me repositionne dans le sens de la marche, main au mur, yeux clos, et j’écoute. Les yeux fermés, les bruits du matin sont démultipliés : un chien qui aboie, un bus qui passe, les voitures qui ralentissent, les pigeons qui roucoulent, les talons qui claquent, des gens qui toussent, des chaises métalliques qu’on installe en terrasse ; beaucoup de mystères aussi : quelque chose roule sur les pavés. Est-ce la trottinette d’un enfant, la poussette d’un parent, le charriot à provision d’une grand-mère, ou la valise à roulettes d’un homme d’affaires ? Je mise sur le charriot à provision ; j’entrouvre un œil, c’est un costard-cravate sur une trottinette ; tous mes préjugés sont mis à mal aujourd’hui. C’est confirmé, il semble que je sois malvoyant à bien des niveaux ! Je reprends ma route. Je sursaute quand la veste d’une personne qui marche en sens inverse frôle ma main. Je ne l’ai évidemment pas vu venir mais je perçois maintenant le léger appel d’air provoqué par son passage, j’entends le bruit régulier de ses talons sur le sol et je sens son parfum, fort, sucré comme celui de Naomi. Une femme c’est sûr ! Belle peut-être ? Je suis tenté une seconde d’ouvrir à nouveau les yeux pour vérifier ; mais vérifier quoi ? Qu’elle est belle, qu’elle m’a reconnu, qu’elle me plait, que je lui plais ? Finalement le mystère est tout aussi excitant. Je garde donc les yeux clos et je continue. Ma main touche une matière lisse. Une douce odeur de croissant arrive à mes narines. Je suis à la boulangerie. Je déclenche par inadvertance la sonnette au passage de la porte d’entrée.

- « Bonjour M. Louis, ça ne va pas ? vous voulez de l’aide »

- Non non, ne vous inquiétez pas, je m’entraine !

- Mais qu’est-ce qui vous est arrivé ? Ne me dites pas qu’ils vous ont rendu aveugle à la télé ? »

Je dois bien jouer car Jeanne la boulangère a l’air profondément concernée, touchée,  même. Je la rassure en lui expliquant que c’est pour un autre rôle.

- « Vous n’allez plus être M. Louis. Je ne vais plus vous voir tous les soirs ? »

Je tente, une énième fois de lui expliquer que Louis n’est pas mon nom réel mais celui de mon personnage dans la série qu’elle affectionne tant et dont elle ne rate pas un épisode.

- « En réalité, je m’appelle Simon. Et là je m’entraine pour jouer un autre personnage.

- Et vous jouerez qui alors ?

- Louis Braille

- Donc vous êtes toujours M. Louis ! Pourquoi voulez-vous que je vous appelle Simon ? »

Je capitule, acquiesce et la salue. Elle me répond d’un gentil « à ce soir M. Louis ! ».  Elle semble penser que nous passons nos soirées ensemble, même si c’est par petits écrans interposés.

Je reprends ma route ; ma main se fait plus légère sur le mur pour passer sans blessure les gouttières, les poignées de portes, les bords de fenêtres. Un bruit lancinant arrive par derrière ; quelque chose qui traine sur le sol couplé à un roulement grinçant. Le bruit me rattrape, me double. Le bruit sent la cigarette et la décharge. C’est l'agent mnicipal qui traine sa poubelle en laissant glisser son balai vert plastique derrière lui ! Je vérifie du coin de l’œil. Je ne me suis pas trompé. Il rejoint sans doute ses potes au café du coin.

Je continue mon chemin, plus confiant. Une ambulance passe, sirène hurlante ; instinctivement, je me range sur le côté du trottoir. Un peu plus loin, je sens un souffle tiède contre mon mollet. Une odeur de lessive, de chaud m’arrive aux narines. Sous ma main, la matière est lisse. Je suis donc sur une vitrine de magasin : la blanchisserie ! Mon cerveau recrée doucement ses repères. Un homme passe en sens inverse. Il a la voix grave et autoritaire des personnes qui se pensent importantes. « S’il veut la jouer comme ça, laisse-le faire » ; pas de réponse ; il est sans doute au téléphone. Je réfléchis à ses mots : parle-t-il d’un acteur, ou est-ce juste une façon de s’exprimer. Tout à cette réflexion, je continue mon chemin, les yeux toujours fermés, sans faire attention. Soudain, mes pieds se prennent dans quelque chose ; je bascule vers l‘avant, ma tête heurte un poteau, je tombe à genou sur le trottoir en jurant. J’ouvre les yeux et reprends doucement mes esprits. C’est un carton de vieilleries abandonné au pied d’un panneau de signalisation qui est responsable de ma chute. L’homme, toujours au téléphone, se retourne et me regarde ; il esquisse un sourire et reprend sa route et sa conversation. Un connard, je le savais ! Je m’apprête à l’interpeller pour lui dire ce que je pense de son ton arrogant et son regard narquois quand j’entends une petite voix frêle et je sens une main sur mon épaule :

- « Ca va monsieur, je peux vous aider ? ». Je me retourne ; c’est une petite vieille de l’Ephad d’à côté ; je l’ai déjà vue plusieurs fois. Je me suis souvent demandé si elle avait toute sa tête.

- « Mais vous êtes le docteur de la Télé! Qu’est-ce qui vous est arrivé ? Comment vous avez fait votre compte pour ne pas voir le carton ? Donnez-moi la main, que je vous aide à vous relever. »

Elle, qui ne doit pas faire 1m60, qui est courbée comme un arc et légère comme le vent, me propose son assistance. Elle, que je n’ai jamais aidée à porter son sac à provisions ou à ouvrir la lourde porte d’entrée de ce bâtiment car je suis toujours trop pressé surtout si je me rends à un casting ou à un plan-drague, elle donc, trouve tout naturel de me proposer son soutien.

- « Merci Madame, je m ‘entraine à jouer les aveugles et je n’ai donc pas vu le carton.

- Quelle drôle d’idée. En tout cas, vous avez encore besoin d’entrainement car je n’ai jamais vu un aveugle tomber ou se vautrer, comme vous en ce moment, sur un trottoir ! Comme dirait l’autre : l’aveugle se détourne de la fosse où le clairvoyant se laisse tomber ! »

Je ne comprends rien à ce qu’elle me dit. C’est bien ce que je pensais, elle débloque la vieille. Je me relève en m’aidant du panneau, la remercie, me recoiffe et tourne les talons. De son côté elle repart tranquillement, en marmonnant : « Quand je vais raconter à Elvis que j’ai secouru le docteur de la télé ».

Je m’apprête à reprendre l’entrainement quand mon portable sonne.

- Mon chou, je viens de recevoir une proposition du tonnerre. Ils veulent faire un « Alerte à Malibu » à Saint-Tropez ! le personnage principal sera un maitre-nageur. Ils cherchent surtout un physique, pas forcément un cerveau. J’ai tout de suite pensé à toi ! En revanche y’a un hic, c’est le même jour que l’audition pour le rôle de Louis Braille. Tu choisis quoi ; le nageur ou l’aveugle ?

 

Ma chute et les mots de la vieille dame me reviennent à l’esprit. La réponse me saute aux yeux et je m’entends répondre : « C’est tout vu ! »

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